une prise en charge spécifique
En ostéopathie, les praticiens sont régulièrement confrontés à la prise en charge de sportifs, qui demande une attention particulière. En effet, si la sollicitation du corps est plus extrême chez le sportif de haut niveau, les motivations en loisir, notamment celles du dépassement, une activité commencée trop brutalement, une intensification des séances trop rapide peuvent amener à une mise « en danger » du corps.
L’ostéopathe doit donc s’adapter aux besoins spécifiques et aux contraintes physiques et environnementales qui s’exercent sur le corps du sportif, notamment afin d’éviter la blessure.
Il faut différencier les divers types de pathologies sportives et adapter le traitement ostéopathique à ces différents contextes. Il faut ainsi distinguer les traumatismes, les pathologies aigues récidivantes et les pathologies chroniques.
Les pathologies traumatiques du sport
Traiter un traumatisme signifie agir sur une urgence. En effet, la pathologie est souvent lésionnelle (déchirure ou entorse). La prise en charge peut être directe quand l’ostéopathe est sur le terrain. Il faut alors une bonne lecture du traumatisme : la visualisation du geste traumatique va permettre d’appréhender la zone touchée, le mécanisme et le degré de gravité de la blessure. En l’absence de visualisation de la chute par exemple, l’interrogatoire permettra de mieux comprendre la blessure. En effet, la façon dont le sportif décrit ses maux est très parlante : le sportif est habitué à être à l’écoute de son corps, il a parfois l’expérience des blessures et sait ainsi être précis.
Dans un second temps, l’ostéopathe réalise son diagnostic palpatoire ostéopathique qui va l’amener à traiter une première zone : il s’agit généralement de la zone touchée. Parfois, c’est un autre élément qui va attirer l’attention du praticien : il est nécessaire pour être juste dans son soin de ne pas se laisser absorber par les signes cliniques évidents mais bien de garder l’approche systémique pour déterminer la zone à travailler . Par exemple, une entorse de cheville peut avoir été favorisée par un dysfonctionnement du genou. Dans ce cas, c’est celui-ci qui pourrait être l’objet du premier traitement.
Une deuxième séance, voire plus, peut être indiquée selon l’importance de la blessure et en corrélation avec les autres prises en charge médicale et paramédicale. Il s’agira alors de contrôler la zone locale et puis de plus en plus, d’effectuer un traitement global pour éviter les récidives, réduire les conséquences nocives de la blessure sur le reste du corps, mais aussi pour travailler sur ce qui aurait pu prédéterminer la blessure.
Sur la fin du traitement, que le sport effectué le soit pour le loisir ou la compétition, il est prudent de préciser le diagnostic médical et de fixer un prévisionnel des dates de reprise même si elles restent adaptables en partie. Il faut par exemple indiquer quand il sera possible de marcher, puis de courir, mais aussi de reprendre l’entrainement, et enfin la compétition. C’est essentiel pour lever les doutes qu’induirait un flou quant au rétablissement du patient ! .
Pathologies aigues récidivantes
Les pathologies aigues récidivantes sont des blessures survenant rapidement voir brutalement( ex : déchirure musculaire, entorse ) et qui récidivent plusieurs fois au même endroit ou à un endroit différent. S’il y a récidive au même endroit, le traitement, la rééducation et le programme de reprise peuvent être remis en question. Mais il faut surtout traiter les dysfonctions pouvant prédéterminer ces lésions. Un bilan postural est souvent réalisé.
Si les blessures se multiplient à plusieurs endroits sur une courte période, un ajustement des charges d’entrainement, de la méthode de récupération et de l’alimentation doit être abordé. L’aspect psychologique potentiel ne doit pas être oublié non plus.
L’ostéopathe appréhendera alors volontiers les organes participant au drainage du corps : les émonctoires : foie, reins, poumons, peau, colon.
Pathologies sportives chroniques
Enfin, les pathologies chroniques sont celles qui s’installent et perdurent, qui parfois vont impliquer l’arrêt d’une carrière ou un changement d’activité : pour celles-ci, l’analyse doit arriver très vite sur l’individu, n’oublions pas que le contexte humain joue sur l’installation d’une pathologie et inversement !
Il faut aussi savoir travailler avec l’équipe technique afin de déceler le risque dans la technique : si le sportif a un geste répétitif dommageable ou « raté », il faut alors l’inciter à modifier sa gestuelle afin d’augmenter ses capacités, de préserver son organisme voire de prolonger sa carrière s’il s’agit d’un professionnel.
L’ostéopathie en prévention
Pour éviter la blessure, une prise en charge en amont est tout à fait envisageable. L’ostéopathe doit rechercher les zones de dysfonctionnement : ce sont celles qui perdent de la mobilité ou de la motilité (raideurs, spasmes, tensions…) et qui entraînent d’une part une perte de performance, mais surtout, le risque.
Il faut inciter ses patients à consulter avant la blessure, avant la reprise, avant la saison, ou à envisager un bilan en phase de préparation. Un protocole pourra alors être mis en place si besoin. Si tout va bien, cela rassure le sportif et s’hôte de l’esprit la crainte, souvent présente, de la blessure. Le suivi préventif peut également être enclenché dès qu’un problème mineur apparaît.
